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Les déterminants sociaux de la santé

Le groupe de travail Accord sur la santé pour Terre-Neuve-et-Labrador a publié le 17 février dernier un rapport intitulé Notre province, notre santé, notre avenir: une transformation sur dix ans qui révèle que les déterminants sociaux n’ont pas été assez considérés et que ces derniers permettent de mieux comprendre les sources du problème. Le rapport offre plusieurs solutions qui doivent être mises en application, et ce immédiatement.

David Beauchamp

IJL – Réseau.Presse – Le Gaboteur

Les rédacteurs du rapport ne sont pas tendres à l’endroit du système de santé provincial: précisant que «notre santé, à Terre-Neuve-et-Labrador, n’est pas assez bonne [et que nos] résultats en matière de santé sont inférieurs à ceux […] des autres provinces canadiennes».

Pour bien comprendre cet état des lieux, l’étude caractérise «les déterminants sociaux de la santé» ce qui a le plus grand impact sur la santé physique et mentale de la population de la province. Les déterminants, de nature économique, sociale et environnementale, correspondent à 60% des impacts sur notre santé. Ils expliquent davantage les problèmes médicaux dans la population que le système de santé lui-même ou notre constitution génétique.

Du neuf avec du vieux

Dr Natalie Beausoleil, professeure au sein de la division de la santé communautaire et des sciences humaines de la Faculté de médecine de l’Université Memorial, est convaincue de la valeur des déterminants sociaux en matière de santé et est heureuse de voir le rapport mettre l’accent sur ces derniers. «Le Canada a été très important dans l’élaboration des déterminants sociaux», ajoute-t-elle au sujet du poids accordé à ces derniers par le gouvernement canadien.

Toutefois, elle considère étrange que les déterminants sociaux soient présentés comme quelque chose de nouveau. «Les réformes sont discutées depuis [les quarante dernières années] mais les changements au niveau des approches sociales en matière de santé viennent lentement», affirme-t-elle, précisant que le gouvernement était déjà au courant que l’augmentation accrue des coûts en santé était symptomatique du manque d’investissement au niveau des déterminants social. Jacqueline Higgins, directrice du Réseau santé en français (RSF) de Terre-Neuve-et-Labrador, rappelle également que les déterminants sociaux étaient déjà présents et promulgués par Santé Canada bien avant la publication du rapport.

Photo: Mykola Swarnyk (Wikimedia Commons)

Investissements qui vont dans le bon sens?

Dr Beausoleil mentionne que le rapport confirme la volonté du gouvernement de s’attaquer au problème de santé à sa source plutôt que de seulement faire dans la prévention. Elle qualifie cette manière de faire de «puits sans fond» au niveau des dépenses en santé. «Le gouvernement va toujours éteindre des feux au lieu de les prévenir», dit-elle pour imager la manière qu’ont eu les gouvernements successifs de dépenser en santé. 

La directrice du RSF souligne que le rapport ne fait pas mention de certains enjeux urgents: «On parle d’un plan sur cinq ou dix ans, mais on a des enjeux immédiats qui doivent être réglés, notamment l’embauche et la rétention de professionnels de santé». 

L’équipe de l’Accord sur la santé a également précisé pendant son conseil de ville virtuel du 25 février dernier que Terre-Neuve-et-Labrador est la seule province dans le pays qui n’a pas de plan d’action pour les traitements et les soins envers les aînés, ce qui cause des coûts supplémentaires auprès de cette population vulnérable. Ils proposent de créer des structures à cet effet, et ce dans les plus brefs délais pour combattre la discrimination des personnes âgées.

L’approche inclusive au cœur du rapport

Higgins, qui siégeait aux assemblées publiques organisées par l’Accord pour la santé en tant que représentante de la francophonie provinciale, se dit d’ailleurs satisfaite de l’approche inclusive du rapport envers les minorités et les personnes vulnérables. «J’ai aimé voir la présence [dans le rapport] de comités consultatifs au sein des organismes communautaires francophones, autochtones, etc., qui représentent les personnes vulnérables et qui facilitent l’accès aux soins de santé», précise-t-elle au sujet du poids considérable des enjeux de santé sur les secteurs minoritaires. 

«Les Terre-Neuviens et Labradoriens obtiendront de meilleurs résultats en santé et sauront qu’il existe une équité en santé, quel que soit le groupe au sein duquel ils sont nés, l’endroit où ils vivent ou les circonstances de leur vie.»

Notre province, notre santé, notre avenir: une transformation sur dix ans, page 20.

Le document, disponible en français et en anglais, sera également accéssible en plusieurs langues autochtones.

Toutes les deux considèrent le contenu du rapport comme une certaine prise de conscience des pratiques déficientes dans le domaine de la santé dans la province et disent donner le bénéfice du doute au gouvernement dans sa capacité à résoudre les lacunes.

En ce sens, le RSF se dit prêt à appuyer les réformes qui auront lieu dans l’embauche et la formation des professionnels de la santé en matière d’inclusion et d’équité en plus de l’importance accordée aux déterminants sociaux dans le domaine médical.


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