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RÉPERTORIER ET EXPLORER LA DEUXIÈME VIE DES LIEUX DE CULTES

Le point commun entre une chambre d’hôte à Trepassey, une salle d’entraînement de cirque à Québec, une microbrasserie à Orlando, une salle d’escalade en Écosse et un théâtre à Sydney en Nouvelle-Écosse? Avant d’être transformés et de changer de vocation, tous ces bâtiments étaient d’anciennes églises utilisées à des fins religieuses. Ils sont aujourd’hui répertoriés sur le portail After Church Atlas, un projet de recherche initié en juillet 2019 par deux chercheurs de l’Université Memorial (MUN).

Coline Tisserand

Sur le site de cette plateforme, on peut naviguer sur une carte interactive pour découvrir des centaines de lieux de culture du monde entier et en lire plus sur leurs transformations. Dans la province de Terre-Neuve-et-Labrador, dix-huit églises sont pour l’instant répertoriées. 

Ce projet de recherche interdisciplinaire et collaboratif est né de la rencontre et des discussions entre Barry Stephenson, professeur associé au département des études religieuses de MUN, et Nicholas Lynch, professeur adjoint en géographie à MUN. 

Ce dernier, qui a fait son doctorat sur la fermeture et la restauration d’églises à Toronto, a découvert d’autres projets urbains de recherches présentés sous forme d’atlas, une forme qui l’a inspiré. «J’ai commencé à penser à me demander à quoi cela ressemblerait de collecter et de documenter la fermeture et la réutilisation des églises dans une sorte de portail multimédia… Parce qu’il y en a beaucoup, et qu’il y a tellement de types différents dans le monde entier!», explique-t-il. 

Carte digitale du monde montrant une partie du Canada, des États-Unis et de la Grande-Bretagne. Des cercles de différentes couleurs montrent les endroits enregistré sur Church Atlas.
Sur le portail After Church Atlas, on peut découvrir les lieux de cultes en cliquant sur la carte ou selon leur classement par type de
transformation (lieux culturels, microbrasseries, centres communautaires, etc.). Photo: Capture d’écran (Coline Tisserand)

Un outil polyvalent et puissant 

Le projet pilote est lancé en 2019, et l’apprentissage autour de la gestion des données et de l’atlas se fait sur le tas. Ils se rendent rapidement compte du potentiel intéressant et puissant de ce répertoire, que ce soit comme outil de recherche dans le milieu académique, mais aussi, selon M. Lynch, «en tant qu’outil pour le grand public et les différentes parties prenantes, comme les groupes de défense du patrimoine, ou les groupes religieux». Il souligne que c’est un outil polyvalent très puissant. 

Ainsi, l’atlas fonctionne avec la technique du «crowd-sourcing». Le public est invité à soumettre au portail toutes sortes d’informations – photos, les histoires, les récits, les vidéos – pour documenter les deuxièmes vies des anciens lieux de cultes. «Nous demandons à tout le monde du public de contribuer, parce qu’évidemment, dans le cas de la fermeture d’une église – et pas seulement les églises chrétiennes, mais tout autre lieu de culte -, il y en a tellement que nous ne pouvons pas faire toutes ces recherches du jour au lendemain, cela prendrait toute une vie pour les documenter!», explique le chercheur en géographie. Les contributions sont ensuite reçues et vérifiées par les chercheurs avant d’être ajoutées dans l’atlas. 

Préserver la mémoire des lieux et des communautés 

Selon Nicholas Lynch, de nombreuses raisons justifient l’importance de documenter ces fermetures et ces transformations d’églises. D’un point de vue académique, plus ce phénomène est documenté, mieux les chercheurs peuvent commencer à voir des relations et à créer des liens entre les différentes fermetures à travers l’espace et le temps, et sur différentes échelles (régional, provincial, national et international). 

Ces données permettent également de découvrir de nouvelles formes de réutilisation d’églises (en bar, en salle d’escalade par exemple) qui viennent enrichir et agrandir la typologie des recherches faites dans le domaine. 

Enfin, le chercheur souligne que de nombreux édifices religieux sont détruits et disparaissent sans forcément laisser de traces. Cet outil a donc une fonction, non négligeable, d’archivage. «Il permet de protéger la mémoire de ce [type de] bâtiment et de protéger la mémoire des personnes qui l’ont utilisé, d’un point de vue religieux, mais aussi d’un point de vue communautaire, puisqu’on sait que de nombreuses églises servaient de lieux de rassemblement social, comme c’est le cas à Terre-Neuve.» 

Créer un «atlas croissant, vivant et évolutif» 

Après cette première phase de projet pilote, l’objectif est désormais d’améliorer l’atlas, notamment en migrant les données sur un logiciel de cartographie plus dynamique et plus robuste, et en facilitant la manière de contribuer au portail. «On veut notamment créer un espace pour que les collaborateurs et collaboratrices issus du milieu académique puissent discuter entre eux. On veut aussi créer une plateforme ‘’au-dessus’’ d’After Church Atlas; une sorte de méta-atlas qui capturerait n’importe quelle forme de fermeture et de réutilisation d’autres types de bâtiments. Je pense à la fermeture des espaces agricoles ou des espaces pétroliers par exemple», indique Nicholas Lynch. 

Mais pour l’instant, la priorité est de se concentrer sur l’amélioration du portail déjà existant. «L’idée est que sur le long terme, on réussisse à créer de manière efficace une sorte d’atlas croissant, vivant et évolutif», résume Nicholas Lynch. 


Pour découvrir le projet et explorer la carte interactive, rendez-vous sur https://afterchurchatlas.org/.

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