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Production locale, succès international

L’industrie cinématographique a récemment connu un boom dans la province et depuis quelques années; l’île de Terre-Neuve est l’hôte de plusieurs plateaux de tournages. Les séries Republic of Doyle, Hudson & Rex, Frontier et plus récemment Son of a Critch, Astrid and Lilly Save the World, ainsi que le film Peter Pan & Wendy, inscrivent définitivement la province sur la carte du monde cinématographique.

Amélie Barsalou

IJL – Réseau.Presse – Le Gaboteur

Julie Raymond dans les coulisses de la série Frontier. Elle est aujourd’hui assistante décoratrice sur le plateau de Hudson & Rex. Photo: Courtoisie Julie Raymond
Scénariste et réalisatrice originaire d’Halifax qui a déménagé ici pour le boom cinématographique. Elle est notamment connue pour la réalisation de son court métrage en français, tourné à Terre-Neuve, La Veillée en 2019. Photo: Courtoisie Kerrin Rafuse

Au début des années 2000, CBC et Radio-Canada ont misé sur des séries aux saveurs plus régionales. On peut penser à la série Arctic Air se déroulant dans le Nord canadien, à Little Mosque on the Prairie qui a été réalisé à Mercy en Saskatchewan ou encore plus près de chez nous, Republic of Doyle, tournée à St. John’s et ses environs entre 2010 et 2014. Selon François Sénécal, directeur artistique et chef décorateur sur plusieurs plateaux de tournages à Terre-Neuve, Republic of Doyle a grandement participé à ce momentum que connaît présentement l’industrie cinématographique dans la province.

Pour Kerrin Rafuse, réalisatrice et scénariste qui a récemment travaillé sur le court-métrage sur les contes franco-terreneuviens, La Veillée, le fait d’avoir présenté d’aussi beaux paysages à la télévision a définitivement fait ressortir Terre-Neuve pour les productions. 

«[Terre-Neuve-et-Labrador] est une province qui offre un bon soutien aux arts,» note-elle. «En effet, les crédits d’impôts qu’on offre pour le travail local représentent une autre considération importante pour les productions de films et de séries.»

La pandémie comme incubateur cinématographique

Pour Julie Raymond, assistante-décoratrice sur le plateau de Hudson & Rex, la grande popularité des plateformes de diffusion en ligne y serait pour quelque chose. En plus de ceci, la pandémie aurait joué un certain rôle dans le développement des projets de tournages dans la province. 

En effet, de nombreuses réalisations ont été bloquées au début de la pandémie, mais l’écriture des projets a quand même continué. «On se retrouvait avec plusieurs films et séries à tourner,» explique M. Sénécal. «Il y avait une certaine panique l’année passée dans le monde du cinéma; il fallait trouver des endroits pour tourner, mais toutes les équipes et les studios des grandes villes étaient pleins». Ainsi, plusieurs producteurs ont pu se tourner vers des endroits alternatifs, comme ici.

Retombées économiques importantes

«L’industrie crée et maintient des centaines d’emplois pour chaque instance de tournage», explique Rafuse, originaire d’Halifax actuellement installée à St. John’s.

Assistant directeur artistique sur le plateau de Peter Pan en 2021, décorateur en chef pour la série Frontier diffusée sur Netflix et directeur artistique pour La Grande séduction en 2011-2012. Photo: Courtoisie François Sénécal

De plus en plus de personnes comme cette réalisatrice, originaire d’Halifax, viennent vivre dans la province pour travailler au sein des équipes de production et de réalisation qui sont chargées d’un ensemble de tâches diverses: du graphisme à l’impression en passant par la fabrication et l’achat de costumes et de décors. C’est également le cas de François Sénécal et Julie Raymond, qui ont déménagé à Trinity East il y a huit ans. 

En plus des cinéastes qui résident déjà dans la province, de nombreuses productions amènent des talents venus d’ailleurs. La location de maisons, de voitures et de chambres d’hôtel est donc nécessaire et ce, pour plusieurs semaines, voire même plusieurs mois. Julie Raymond explique: «par exemple, un seul épisode d’une heure de Hudson & Rex représente sept jours de tournage. L’année passée, nous avons tourné seize épisodes ce qui représente plus de huit mois de travail.» Ainsi, ces équipes vivent et consomment ici, ce qui contribue grandement à l’économie locale. 

Les productions venues de l’étranger comme Peter Pan & Wendy peuvent aussi devenir extrêmement lucratives pour la province. Si le film de Disney a attiré des noms de Hollywood comme Milla Jovovich et sa fille Ever Anderson, qui joue le rôle de Wendy, des résidents d’ici comme François Sénécal faisaient partie des plus de 150 personnes embauchées pour la production.

Une fois le talent trouvé, il faut chercher les décors, les accessoires, les costumes et tout le reste. L’histoire plutôt récente entre Terre-Neuve-et-Labrador et le cinéma fait en sorte que tout est à créer, tout est à acheter et à louer. Julie Raymond explique: «En comparaison avec Montréal, où il existe déjà plusieurs entrepôts de décors avec des meubles, des accessoires et des costumes, ici il faut tout se procurer. Donc l’industrie commence à se créer des réserves peu à peu dans des entrepôts.»

Un futur prometteur

Pour l’avenir, Kerrin Rafuse pense qu’il pourrait y avoir un sérieux développement du domaine cinématographique dans la province. Ainsi, pour y arriver, Rafuse et Sénécal sont tous deux d’avis que l’industrie doit investir dans la construction d’un studio de qualité internationale avec l’équipement nécessaire dans le but d’attirer encore plus de productions étrangères.

Cette croissance importante de l’industrie du cinéma pousse de plus en plus les membres de ces équipes à se spécialiser davantage dans leur métier. Il apparait donc d’autant plus important pour Rafuse de «mettre en place des programmes de mentorats pour diversifier les apprentissages, particulièrement pour favoriser l’inclusion la représentation des personnes de couleur et des personnes en situation de handicap.» 

Pour sa part, Sénécal croit qu’il serait aussi important d’offrir de la formation technique ici même, dans le but de spécialiser encore plus les équipes. Le seul programme de cinéma postsecondaire offert dans la province pour le moment est celui du College of the North Atlantic à Baie-Saint-Georges. Dans la capitale, l’école secondaire Holy Heart of Mary offrira également un cours pour cinéastes en herbe en septembre prochain. Allons-nous en voir émerger davantage sous peu?


Photo: Julie Raymond

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