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Une femme à Labrador City, quatre décennies plus tard

À l’occasion de la Journée internationale des femmes, nous publions en reprise un texte de la doyenne francophone féminine de Labrador City Lise Boucher, paru en septembre 2018 dans un dossier intitulé « Vivre ou de ne pas vivre à Terre-Neuve-et-Labr

À l’occasion de la Journée internationale des femmes, nous publions en reprise un texte de la doyenne francophone féminine de Labrador City Lise Boucher, paru en septembre 2018 dans un dossier intitulé « Vivre ou de ne pas vivre à Terre-Neuve-et-Labrador, voilà la question! ».

Je suis née en 1940 à Montréal et je suis arrivée à Labrador City après avoir visité l’Exposition universelle de 1967. Nous étions venus ici pour trois mois, et je suis encore là.

Dieu qu’on en a eu des mots de tête au début : nous ne parlions pas l’anglais. J’ai rencontré mes premières amies à l’épicerie. Quand j’entendais du français, j’allais parler aux femmes. Nos maris se côtoyaient au travail, sans savoir au départ que leurs femmes se connaissaient. C’est comme ça que nous avons développé un cercle d’amis francophones.

En 1972, quand l’Association francophone du Labrador (AFL) a été fondée, j’étais là. J’y suis encore et je vis la majorité du temps en en français. J’écoute la radio en français, j’écoute la télé en français, je donne des cours en français et je travaille comme interprète à l’hôpital. J’ai un amour immense pour la langue française et je veux le transmettre aux gens.

À notre arrivée, nous étions jeunes, comme toute la population. La moyenne d’âge dans la région était dans la trentaine. De la musique et de l’effervescence, il y en avait partout! Il y avait aussi des gens de partout. Nous avions des amis venus d’Italie, d’Australie, d’Écosse, du Portugal. Quand on avait des showers de bébé – tout le monde avait aussi des bébés, on entendait plusieurs langues mais c’est en anglais que nous arrivions à communiquer. Le fait que je l’aie appris, avec beaucoup d’efforts et un dictionnaire, m’a permis d’avoir plus d’amis.

Labrador City est, encore aujourd’hui, une ville multiethnique, avec de nombreuses personnes originaires des Philippines, du Vénézuéla, du Maroc et de différents pays d’Afrique, par exemple. Comme la ville est petite, les gens se côtoient plus facilement. Même si plusieurs de mes amis sont partis, je n’ai jamais pensé partir. Je me suis toujours fait d’autres amis. Après la mort de mon mari, il y a 20 ans, j’ai hébergé des étudiantes venus de plusieurs pays, comme l’Autriche, Taïwan et l’Allemagne et plusieurs employés de l’AFL. Leur présence a aussi permis de meubler ma vie.

Bien sûr, j’aime retourner à Montréal, mais surtout pas l’été pour y passer des vacances. Les miennes sont toujours planifiées de la même façon : je reste dans MA région. Le terrain de golf du club Tamarack à Labrador City ouvre fin mai, début juin et c’est là que je passerai mes plus beaux moments de l’année. Je joue au golf depuis plusieurs années et tout de suite, j’en suis devenue une passionnée. Quand le printemps arrive, je prépare mes bâtons et mon sac de golf et je surveille attentivement la fonte de la neige. Le terrain de golf est un oasis : la verdure, les arbres qui se refont une beauté, les oiseaux et les petits animaux qui, eux aussi, sont en vacances et surtout l’échange avec les amis qui, comme moi, sont passionnés, sont ma raison pour demeurer ici l’été.

Et le reste de l’année? Il y a une richesse de gens et d’activités incroyable ici. Il se passe toujours quelque chose, et j’en profite à fond. Je vais voir tous les spectacles à Fermont et ici. J’attends pas qu’on m’invite.

Je n’ai jamais pensé partir et après toutes ces années ici, je ne saurais pas où aller ailleurs. Je reste donc dans MA région.

Un texte de Lise Boucher

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