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Enseigner le français pendant une crise du logement: zoom sur l’ouest du Labrador

La crise du logement se fait sentir dans toute la province, et plus particulièrement à l’ouest du Labrador, où les mines de fer attirent un afflux de travailleurs venus de partout. Si se loger peut être mission impossible pour certains dans la région, l’apprentissage de la langue française risque aussi d’être en danger. Comment la crise sera-t-elle gérée en 2023?
Rachel Power | IJL – Réseau.Presse – Le Gaboteur

Labrador City se situe sur la frontière entre le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador. En raison de sa situation géographique, il y a une grande présence francophone – la présence de l’Association francophone du Labrador en est la preuve. La compagnie minière Iron Ore du Canada emploie aussi beaucoup de francophones. 

La ville de Labrador City a été construite autour des mines de minerai de fer qui sont les employeurs majeurs de la ville. À cause du grand nombre de travailleurs locaux et de contractuels, il y a un manque de logements. Toutes les propriétés locatives sont prises par ces travailleurs ou par les compagnies qui les emploient. 

Le problème du logement n’est pas seulement dû au manque de logements locatifs. Avec le coût de la vie qui augmente, les maisons qui sont à vendre et à louer à Labrador City sont bien au-dessus des moyens de la plupart des arrivants. 

Avec le prix élevé du logement, ainsi que le manque de logements disponibles, la ville fait face à un problème de manque de places. Ce manque de logement peut bien provoquer plusieurs problèmes dans la région, même pour ceux qui ont un revenu stable, y compris, mais pas seulement: des problèmes de santé mentale dus au stress associé au logement, des obstacles bureaucratiques liés au fait de ne pas avoir d’adresse permanente, ainsi que des risques plus graves pour les plus vulnérables, comme la toxicomanie. 

Mais le fait français de la région pourrait également faire face à un autre problème: un manque d’enseignants de français.

Se loger en tant qu’enseignant de français

Le manque d’enseignants de langue française n’est pas un problème inconnu. Si la crise de logement est une des sources de la pénurie dans la région, ce problème pourrait s’aggraver.

Si les enseignants ne peuvent pas trouver un lieu de vie, ils ne peuvent pas déménager pour travailler dans les écoles de la région. «C’est difficile de s’engager d’enseigner dans un endroit où il n’y a pas de logements», explique un récent diplômé de l’Université Memorial. «Le stress de trouver quelque part à habiter avec des prix aussi élevés ne vaut pas l’emploi».

Photo: Sara Teinturier (Archives Le Gaboteur)

Une autre récente diplômée parle du fait que ce ne sont pas seulement les enseignants permanents qui manquent dans les régions rurales comme au Labrador: «La pénurie de remplaçants me détourne. Il y a déjà beaucoup de stress, car je serais une des seules enseignantes de français. Si j’avais besoin de prendre un jour de congé pour n’importe quelle raison, il n’y aurait personne pour me remplacer». 

«Ce n’est pas une situation dans laquelle je veux m’impliquer», ajoute-elle.

Malgré les défis, la Big Land est une destination de choix pour certains jeunes enseignants. «C’est un bon endroit pour commencer une carrière,» explique Steven Myles, enseignant actuel du Centre éducatif l’ENVOL. «[Les écoles] cherchent toujours des enseignants de français et c’est vraiment un endroit magnifique, particulièrement si vous aimez l’hiver. Je le recommande pour tout le monde – il ouvre la porte au monde de l’enseignement.»

Que faire pour encourager plus d’enseignants à s’établir dans la région? Même avec la prime d’éloignement accordée aux enseignants au Labrador, il n’y a pas de réponse bonne ou simple qui encourage les gens à venir dans la région. Pour Steven Myles, un partenariat entre le Conseil scolaire francophone provincial et un propriétaire francophone du coin a joué un rôle catalyseur dans son acceptation du poste. «Quand ils m’ont offert de me donner un logement, j’ai décidé d’essayer d’enseigner au Labrador. Avec l’appartement fourni, je n’avais pas le stress de trouver un lieu où vivre avec la crise du logement. J’enseigne maintenant à l’ENVOL et je sens que ma carrière comme enseignant commence,» raconte t-il. 

Si certains jeunes enseignants rêvent de commencer leur carrière au Labrador, le logement reste un obstacle. En 2023, verrons-nous davantage d’initiatives pour loger les enseignants dans la région? Une situation à suivre!

Un graphique sur un arrière-plan blanc avec une ligne du haut qui est bleu foncé avec du texte blanc, une colonne de gauche qui est orange pâle avec du texte noir, une colonne de droite qui est bleu pâle avec du texte bleu. Le titre est «Le coût moyen pour acheter une maison», la deuxième ligne lit «Labrador City» et «340 666$», la troisième ligne lit «Terre-Neuve-et-Labrador» et «322 410$». La légende du bas est «Source: Royal LePage».
Un graphique sur un arrière-plan blanc avec une ligne du haut qui est bleu foncé avec du texte blanc, une colonne de gauche qui est orange pâle avec du texte noir, une colonne de droite qui est bleu pâle avec du texte bleu. Le titre est «Le coût moyen pour louer un logement», la deuxième ligne lit «Labrador City» et «1012$ par mois», la troisième ligne lit «Terre-Neuve-et-Labrador» et «905$ par mois». La légende du bas est «Source: Zumper et CareerBeacon».

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