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En reprise: Les soldats de la péninsule de Port-au-Port et la Première Guerre mondiale

Le 4 août 1914, suite à l’agression de la Belgique par l’Allemagne, la Grande-Bretagne déclare la guerre à cette dernière, entraînant du même coup dans le conflit ses colonies et ses dominions, dont Terre-Neuve. Dans la province, la mémoire collective de la Première Guerre a surtout retenu les centaines de pertes de vie de jeunes Terre-Neuviens lors de la bataille de Beaumont-Hamel. Mais qu’en est-il de la participation des soldats de la péninsule de Port-au-Port? Qui étaient-ils?
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Monica Plourde

Article original publié le 10 novembre 2014

Eugene Cornect, de Cap-Saint-Georges, a été parmi les 500 premiers soldats Blue Puttees à s’enrôler. Deux autres soldats Blue Puttees de la péninsule sont Dominic Bennett de L’Anse-à-Canards et Albert N. Hooper de Boswarlos. Photo: Archives du Gaboteur

En 2009, après des recherches fouillées et afin que la contribution et les sacrifices des soldats de la péninsule ne tombent jamais dans l’oubli, Bill O’Gorman, un résident de West Bay, publiait le livre Lest We Forget. The Life and Times of Veterans from the Port au Port Peninsula – WW1. Monsieur O’Gorman a partagé avec nous quelques-unes de ses découvertes.

Sur les 12 000 soldats de Terre-Neuve qui ont participé à la guerre, 122 provenaient de la péninsule de Port-au-Port, dont un certain nombre de francophones. Cette participation représente un pourcentage important de l’ensemble de la population de la région, soit 7,2%. La population totale de la péninsule à l’époque est estimée à 1 600 personnes.

Ces gens, qui ont quitté le confort et la quiétude de la péninsule afin de prendre les armes au nom du roi d’Angleterre étaient, avant de s’enrôler, pêcheurs, fermiers et bûcherons. À vrai dire, les soldats de la province n’étaient vraiment pas préparés à faire la guerre puisqu’avant 1914, aucune organisation militaire officielle n’existait sur l’île de Terre-Neuve. On n’y retrouvait que quelques corps de cadets et des brigades dirigées par des organisations religieuses dont le but était de discipliner les jeunes hommes qui n’allaient pas à l’école afin de former de bons citoyens.

Quand la guerre éclata, les jeunes hommes célibataires de 19 à 36 ans furent appelés à s’engager pour un an (limite amplement dépassée dans beaucoup de cas). Il y eut toutefois des exceptions puisque les plus jeunes n’avaient que 16 ans lorsqu’ils se sont engagés. Une autre exception: cinq soldats de la péninsule étaient déjà mariés au moment de partir à la guerre. L’un d’entre eux avait même sept enfants! 

Les soldats de la péninsule de Port-au-Port ont été mobilisés dans l’un des six différents corps suivants: The Royal Newfoundland Regiment (RNR), The Newfoundland Royal Naval Reserves (NRNR), The Newfoundland Forestry Corps (NFC), The Canadian Expeditionary Force (CEF), The Royal Canadian Naval Reserves (RCNR) et United States Army (US Army).

Comme il n’y a pas eu de création de régiments francophones à Terre-Neuve, les francophones de la péninsule de Port-au-Port ont été intégrés à des régiments anglophones. Certains d’entre eux ont dû faire face à la barrière de la langue ce qui a rendu leur entraînement militaire difficile. Par exemple, l’un d’entre eux a dû être transféré du Royal Newfoundland Regiment au Newfoundland Forestry Corps parce qu’il ne pouvait pas comprendre les ordres qu’on lui donnait.

Sur les 122 soldats de la péninsule qui ont participé à la Première Guerre mondiale, 17 ont dû payer le sacrifice suprême sur le front. Ils sont enterrés dans des cimetières en Europe.


La liste complète des vétérans de la Première Guerre mondiale de Port-au-Port est disponible à l’adresse suivante: ngb.chebucto.org/NFREG/WWI/ww1-port-au-port-veterans.shtml

Pour en savoir plus sur la participation de Terre-Neuve à la Première Guerre, visitez le site Internet www.therooms.ca/collections-research. Il y a notamment une base de données avec les documents officiels de chaque soldat de Terre-Neuve-et-Labrador ayant participé à ce conflit.


Cet article fait partie de notre dossier: Des souvenirs d’hier et des réflexions d’aujourd’hui

Le 11 novembre, les Terre-Neuviens et les Labradoriens prennent un moment pour se souvenir des horreurs de la guerre, des vies qui ont été prises et de leurs histoires. Pour commémorer le jour du Souvenir, Le Gaboteur a fouillé dans le passé pour trouver ces histoires qui méritent d’être rappelées et présente de nouvelles histoires d’aujourd’hui. Des archives et des spécialistes nous parlent des guerres passées, et un témoin nous rappelle des familles militaires d’aujourd’hui. (CB)

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