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Éducation inuite à travers l’art

Je suis allée au Musée The Rooms récemment puisque j’attendais avec impatience la nouvelle exposition Helping Hands: 30 Years at Kinngait Studios. J’ai lu sur Twitter que l’artiste William Ritchie a conservé une copie de chaque estampe sur laquelle il a travaillé pendant 30 ans aux Studios Kinngait au Nunavut. Je me suis immédiatement dit que de voir cette exposition serait une excellente occasion pour moi, en tant qu’étudiante internationale à Terre-Neuve et en tant qu’amatrice d’art, d’apprendre les différentes histoires que ces estampes illustrent et la culture unique qu’ils mettent en valeur de manière visuelle.

Éducation inuite à travers l’art

Leisha Toory

Avataq. Photo: Leisha Toory
À gauche, Bird’s Eye View, à droit, Helping Hands. Photo: Leisha Toory

Ce fut certainement une expérience instructive, inspirante et culturellement riche qui m’a poussée à ensuite faire mes propres petites recherches, en particulier sur l’œuvre Avataq. J’ai pu avoir des conversations importantes sur la chasse au phoque, lire sur les baleines dans la communauté Kinngait, désapprendre et réapprendre la culture inuite et partager ce que j’ai recueilli de ces conversations et lectures avec ma famille et mes amis proches. Cette exposition exprime l’identité inuite contemporaine et la réalité inuite quotidienne. C’est créatif, éducatif ainsi qu’une occasion de soutenir et de partager les beaux messages des artistes.

Les deux premières œuvres d’art que j’ai personnellement considérées comme visuellement puissantes étaient la Bird’s Eye View et Helping Hands. Ces deux-là se sont particulièrement démarquées puisqu’elles montrent, respectivement, un tableau vivant de la communauté Kinngait et du travail d’équipe qui consolide les Studios Kinngait. Bird’s Eye View illustre une vue aérienne d’un groupe de baleines. La composition abstraite indique que l’œuvre est du point de vue d’un drone ou d’un avion volant au-dessus des baleines. L’élément central de l’œuvre, qui est le groupe de baleines, exprime que la communauté de Kinngait est en fait une communauté baleinière où l’on peut apercevoir des bélugas entrant dans le port pendant la saison d’automne. De cette œuvre, j’ai appris que le beau paysage de Kinngait consiste de bélugas dont l’artiste s’est inspiré. Je pense que cela souligne également à quel point les bélugas sont symboliques, représentatifs et culturellement importants pour que l’artiste ait choisi d’illustrer ce paysage. 

De même, l’œuvre d’art Helping Hands, qui présente de nombreuses mains s’étirant vers l’avant dans la même direction, décrit les nombreuses personnes qui sont derrière les activités des Studios Kinngait. Bien qu’il s’agisse d’une composition expérimentale, cela dépeint la véritable solidarité des artistes et la reconnaissance et la célébration des contributions de chacun à la vie des Studios Kinngait.

Enfin, l’Avataq, une installation de 18 ballons gonflés à l’hélium en aluminium faits à la main et conçus pour ressembler à l’avataq – un flotteur en peau de phoque – a été une autre œuvre puissante de cette expérience éducative et artistique. Non seulement cette installation célèbre la culture inuite, mais elle met également l’accent sur des conversations significatives centrées sur la chasse au phoque, sur l’interdiction internationale de la commercialisation des produits en peau de phoque et sur les effets destructifs de cette interdiction pour la subsistance des peuples vivant dans le Nord du pays. Les ballons sont suspendus et se balancent lentement, donnant vie à l’œuvre; vie qui renvoie à à la vie du phoque. Outre les nageoires et la texture de la peau de phoque sérigraphiée, la figure du phoque est également constituée d’un jeu de cordes qui symbolisent les harpons que le chasseur utilise pour attraper sa proie et la suivre dans l’eau une fois harponnée.

Je pense que les détails, le symbolisme et la représentation métaphorique réaliste mais invitante de la chasse au phoque à travers des matériaux simples transmettent le concept de la chasse au phoque traditionnelle et culturelle qui fait partie intégrale du mode de vie inuit et exprime comment l’éducation est cruciale pour comprendre l’impact de l’interdiction: les phoques sont une source de nourriture, une source de vêtements tels que des bottes et des mitaines ainsi qu’un revenu important pour la communauté inuite.

Cette exposition m’a présenté de nouvelles informations et ressources éducatives que je n’aurais probablement pas rencontrées autrement. Cette éducation sensibilise et peut motiver l’activisme en reconnaissant et en encourageant les conversations sur l’héritage, la culture, les traditions, l’histoire et les barrières. Elle maintient la survie et la transmission significative de la culture autochtone qui a été supprimée et attaquée par le passé.


L’exposition Helping hands est ouverte au Musée The Rooms jusqu’au 5 juin 2022.

William Ritchie

Artiste originaire de l’Ontario, les contributions artistiques de William à Terre-Neuve-et-Labrador remontent à environ 50 ans. Dans les années 1970, il a passé 6 ans à Nain pour apprendre du sculpteur inuit Gilbert Hay, après quoi ils ont tenu ensemble une exposition à la Memorial University Art Gallery. Il a passé plusieurs autres années sur la péninsule d’Avalon et, en 1997, il a ouvert Caplin Cove Press, une petite imprimerie à St. Michael’s, sur la côte sud de l’île. En février 2022, il a fait don au Musée The Rooms d’une collection de près de 400 estampes réalisées par des dizaines d’artistes inuits avec lesquels il travaillait aux Studios Kinngait. (CB)


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