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Vent de changement sur le Conseil de Bande Qalipu

Le 22 octobre prochain, les membres de la Première Nation Qalipu éliront leur nouveau chef et leur nouveau Conseil de Bande parmi 21 candidats. Si ces élections ont lieu tous les trois ans, Glenn Wheeler, l’animateur m’ikmaq du balado (Mi’kmaq Matters), souligne que celles-ci ont une saveur particulière et représentent un carrefour pour les Qalipu.

Coline Tisserand IJL-Réseau.Presse-Le Gaboteur

ÉLECTION DU CONSEIL DE BANDE QALIPU

«Je pense qu’il y a maintenant un sentiment de frustration quant aux progrès réalisés au cours des trois dernières années. Les gens [les membres Qalipu] veulent un changement. Ils se demandent si nous devons essayer de nouvelles idées et peut-être que pour les essayer, nous avons besoin de nouvelles personnes au Conseil», observe Glenn Wheeler. Originaire de York Harbour dans la région de Bay of Islands, cet ancien journaliste mi’kmaq aujourd’hui avocat à Toronto anime le podcast Mi’kmaq Matters chaque semaine depuis plus de cinq ans.

La liste des candidats aux élections parle d’elle-même de ce besoin de nouveauté. Sur les quatre candidats au poste de chef, deux personnes se présentent pour la première fois au conseil. Même chose pour le poste de vice-chef. C’est encore plus flagrant parmi les candidats au poste de conseiller ou conseillère dans une des neuf circonscriptions: sur treize candidats en lice, neuf font campagne pour la première fois, ce qui représente 70% des candidats. Un vent de changement souffle.

Vers un meilleur taux de participation?

Le changement se passe aussi dans l’organisation des élections. Cette année, il a été décidé que les votes se feraient en ligne et par téléphone entre le 14 et le 22 octobre plutôt qu’en personne. Glenn Wheeler souligne que cela est censé favoriser la participation des électeurs, qui n’a pas dépassé les 25% aux dernières élections de 2018. «Est-ce que plus de personnes vont voter? […] Certains membres devaient faire au moins une heure de route avant pour aller voter en personne.»

Pendant la campagne, il observe que les membres sont très actifs et investis sur Facebook au sujet des élections: «En ligne, il y a beaucoup de discussions et de débats pour savoir qui est le meilleur chef, si telle ou telle personne a fait du bon travail. Il y a beaucoup d’engagement». Mais cela représente-t-il la tendance générale? Difficile de le dire.

Une campagne marquée par divers enjeux

Que ce soit lors d’événements en ligne ou en personne, l’animateur mi’kmaq identifie au moins trois enjeux principaux présents dans les discussions pendant cette campagne. «Tous les candidats ont mentionné l’enjeu du processus de sélection [pour être reconnu comme membre Qalipu]. Ils soulignent tous qu’ils veulent faire un meilleur travail, mais je pense qu’il est très difficile de savoir ce qui doit être fait, puisque c’est le gouvernement du Canada qui examine les candidatures.»

La santé est un autre thème abordé pendant cette campagne. Si les membres Qalipu reçoivent des fonds fédéraux pour des services de santé non assurés (SSNA) comme pour les soins dentaires ou les lunettes, certains candidats questionnent ce qui devrait faire partie des SSNA. «Nous avons des problèmes d’addiction, des problèmes de santé mentale, nous manquons de médecins, certains candidats disent que la Bande Qalipu doit se doter d’une définition plus large de la santé,» explique M. Wheeler.

Élections carrefours pour les Qalipu

Enfin, la question de la connexion entre les membres et leur Bande est un autre enjeu très présent. Les Mi’kmaq Qalipu sont une Bande sans terre: leurs membres se trouvent dans 67 communautés mi’kmaq à Terre-Neuve et en dehors de l’ île. «Les gens ne se sentent pas très connectés, pour certains, c’est juste un bureau à Corner Brook. […]Alors qu’est-ce que cela signifie-t-il de faire partie d’une Première Nation? Est-ce que c’est comme aller dans n’importe quel bureau du gouvernement, ou est-ce que la connexion est plus profonde et plus personnelle? Comment le Conseil Qalipu travaille-t-il sur cette question?», expose Glenn Wheeler.

Quels que soient les résultats, ces élections permettront de faire le bilan des dix années parcourues par les Qalipu. «Toutes les élections sont importantes, mais celle-ci est un peu un carrefour concernant la direction que va prendre la Première Nation, puisque c’est aussi le dixième anniversaire de la formation de la Bande. C’est donc un moment de réflexion face à ce jalon. Est-ce que la suite du chemin sera comme les dix premières années, ou sera-t-elle différente?», interroge Glenn Wheeler.

Les résultats du 22 octobre nous le diront.

Portrait de Glenn Wheeler, il est debout en avant d’un mur couvert de graffiti coloré.
Photo : Courtoisie Glenn Wheeler

Pour découvrir les épisodes (plus de 200, en anglais) du balado Mi’kmaq Matters rendez-vous sur Soundcloud: https://soundcloud.com/mikmaqmatters. Depuis un mois, les épisodes sont consacrés à la couverture des élections du Conseil de Bande Qalipu.

Si Glenn Wheeler vit aujourd’hui à Toronto, il reste très connecté avec la communauté mi’kmaq de Terre-Neuve et revient souvent dans sa cabine à York Harbour, sa communauté d’origine. Lors de notre entrevue, il se trouvait d’ailleurs sur la côte ouest de l’île.

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