À l'écran et sur scène, Arts et culture, Tous

Cap Saint-Georges dans l’oeil de la caméra

INTRO- Parmi les dix cinéastes participant à la Course des régions pancanadienne, Michael Fenwick est le seul réalisateur francophone qui représente les provinces de l’Atlantique cette année. Originaire de Cap Saint-Georges, où il réside encore aujourd’hui, le Franco-Terre-Neuvien participe pour la deuxième année consécutive à cette compétition cinématographique.

Coline Tisserand

IJL – Réseau.Presse – Le Gaboteur

Cette année, les participants doivent créer un court-métrage d’une dizaine de minutes en composant sur le genre de la fiction. Un genre que Michael Fenwick a déjà exploré au cours de sa carrière au cinéma, mais surtout en anglais. «C’est peut-être la première fois que je fais une fiction en français. Je suis plutôt habitué à réaliser des documentaires en français, mais pas des fictions», commente celui qui a commencé dans le milieu comme acteur au cinéma et à la télévision à Vancouver.

Portrait d'une jeune femme, Claire Gaddes.
La comédienne amatrice Claire Gaddes interprète le rôle de la fille dans le court-métrage de Michael Fenwick. Courtoisie Michael Fenwick

Porter un sujet tabou à l’écran

Les participants à la Course ont donc le champ libre pour porter une histoire fictive de leur choix à l’écran, tant qu’il existe un lien avec leur région, que ce soit à travers les décors ou le thème du film, entre autres.

Pour sa fiction, Michael Fenwick a choisi de se pencher sur le thème délicat, et souvent tabou, de la pédophilie, en situant l’action dans les années 70. «C’est l’histoire d’un homme. Il était un pédophile et il a passé dix ans en prison. Puis, après être sorti de prison, il veut voir sa petite-fille qui a maintenant 19 ans. Mais pour la voir, il doit passer par son fils, qui lui, ne veut pas le voir […]», explique-t-il en précisant que l’action se déroule dans le garage du fils, en train de réparer son véhicule quatre roues.

Pour écrire ses histoires de film, l’inspiration «vient de partout», nous dit le Franco-Terre-Neuvien. «Dans ce cas ici [pour ce court-métrage], c’était un problème qui existe ici à Terre-Neuve depuis plusieurs années […]. C’est quelque chose articulé avec la culture sur la côte ouest. C’est sûr que ça a changé beaucoup maintenant, mais avant, dans les années soixante-dix et quatre-vingt, il y avait beaucoup de problèmes avec l’abus [sexuel]. Maintenant, on parle plus de cela [la pédophilie et l’abus sexuel], et plus on en parle, plus on est en train de résoudre le problème… Puis, je pense que faire un film là-dessus, cela va juste aider un peu plus», estime le réalisateur, qui est aussi scénariste et monteur.

«J’aime le processus de faire un film.»

Pour son court-métrage, il a réuni une équipe de production de six personnes, notamment de jeunes diplômés du programme de cinéma du College of the North Atlantic (CNA), afin de tourner durant la fin de semaine de l’Action de grâce. Une belle opportunité de se lancer pour ces jeunes diplômés du CNA de Stephenville, surtout que les projets de cinéma sont rares sur la côte ouest, souligne Michael Fenwick. Bien que l’équipe de production soit majoritairement anglophone, ce projet de fiction en français est aussi une belle manière de créer des ponts entre les francophones et les anglophones de la région.

Le premier homme (à gauche) regarde au deuxième (à droite) qui lui parle. Un troisième (au centre front) tient un outil à l'éclairage, un panneau métallique en or.
Joseph Benoît interprète l’homme sorti de prison, tandis que Joshua Smith s’occupe de l’éclairage et David Downton de la cinématographie (de gauche à droite). Courtoisie Michael Fenwick

Toute la production a été tournée à Cap Saint-Georges avec des comédiens de la péninsule de Port-au-Port, afin de refléter ce coin de pays dans la Course des régions. «C’était un défi de trouver des comédiens d’ici. J’avais besoin de quelqu’un qui pouvait parler français, mais aussi qui pouvait parler le français qu’on parle au Cap. C’est pour ça que j’ai choisi du monde du Cap puis de La Grand’Terre: ils ont déjà l’accent. J’ai décidé que l’accent était vraiment important pour le film.»

Le budget alloué par la compétition, ainsi qu’un soutien financier de la Fédération des francophones de Terre-Neuve et du Labrador (FFTNL), lui ont permis de rémunérer l’équipe et les comédiens.

En plus de son projet d’émission télévisée tournée pendant la même période, Michael Fenwick n’a donc pas chômé avec l’écriture, la mise en scène et le montage du court-métrage pour la Course, ce qui semble être loin de lui déplaire. «J’aime raconter des histoires et j’aime le processus de faire un film, du tournage jusqu’au montage. […] Cela me donne beaucoup de satisfaction de commencer un film, puis à un certain point de le finir. C’est vraiment le fun, je trouve.»

Les dix courts-métrages seront présentés le 8 décembre prochain lors de la Grande Finale de la Course des Régions qui aura lieu cette année en présentiel, à Sherbrooke. M. Fenwick fera le voyage au Québec pour cette soirée de projection et de remise des prix. «J’ai bien hâte d’aller à Sherbrooke cette année, je n’ai pas eu la chance d’y aller à cause de la COVID l’année dernière!», se réjouit-il. Les films seront ensuite diffusés au grand public sur la plateforme d’Unis TV en 2022.


Pour la Course des Régions 2020, Michael Fenwick a produit le court-métrage documentaire «Le français, c’est moi!» sur l’histoire des francophones dans la péninsule de Port-au-Port. Son film vient d’être diffusé sur Unis TV le 25 octobre dernier.


«Pays du Bon Dieu»

Outre sa participation à la Course des régions pancanadienne, Michael Fenwick vient tout juste de finir le tournage d’une émission de télévision, en coproduction avec le réalisateur Fabian Jones, basé à St. John’s, pour Bell Fibe TV. La première saison de cette série documentaire, appelée «Pays du Bon Dieu», explore l’histoire des francophones sur la côte ouest de Terre-Neuve. En plus de son rôle de coproducteur,  M. Fenwick est aussi l’hôte, le scénariste et le recherchiste pour ce projet bilingue. «Moi, je fais la partie de l’équipe qui prend soin du français», souligne le réalisateur, en précisant que la série sortira à la fois en version française et en version sous-titrée anglaise. Il espère poursuivre avec une deuxième saison avec des épisodes sur l’histoire francophone dans d’autres endroits de la province. La première saison sortira sûrement au printemps prochain. À suivre…

Les commentaires sont modérés par l’équipe du Gaboteur et approuvés seulement s’ils respectent les règles en vigueur. Veuillez nous allouer du temps pour vérifier la validité de votre premier commentaire.

Laisser un commentaire

Choisir votre option d'abonnement au Gaboteur

Numérique

(web + tablette + mobile)
Annuler à tout moment

Papier

(accès numérique inclus)
Annuler à tout moment

Infolettre

(des courriels de nous)
Annuler à tout moment