Éducation, Société, Tous

Apprendre le français en plein été

Depuis 15 ans, des jeunes de Terre-Neuve-et-Labrador s’inscrivent au programme En français à Québec donné par le Collège Saint-Charles-Garnier pour une immersion totale d’un mois dans la capitale nationale du Québec. Une occasion pour ces adolescents de profiter, non seulement d’un programme pédagogique varié, mais aussi de nombreuses activités comme le Festival d’été de Québec. Avec la pandémie, rien de tout ça n’a pu avoir lieu cette année. Tout était en virtuel, ce qui n’a pas freiné la participation de certains. Rencontre avec de vrais motivés de la langue française.

André Magny

IJL – Réseau.Presse – Le Gaboteur

Monica Beyere a 16 ans. Elle habite à Happy Valley-Goose Bay au Labrador. L’immersion française, c’est sa force depuis dix ans. Elle devait s’inscrire au programme du collège québécois l’année dernière. La COVID-19 a contraint la direction à tout annuler.

Cette année, tout a été mis en place – cours de français, activités optionnelles, ateliers, conférences, capsules touristiques – de façon virtuelle. «J’ai vu ça comme une opportunité. Je voulais améliorer mon français», affirme sans hésiter Monica. Dans sa famille, son frère et sa sœur sont aussi passés par l’immersion. Pour les parents originaires du Ghana, le français est une valeur importante. Pour l’adolescente, elle, l’immersion, c’est quelque chose de «très amusant». «Dans mon école, on célèbre, par exemple, le Carnaval de Québec. Les Anglais n’ont pas ça. Ils sont jaloux!», raconte, sourire en coin, celle dont le français intermédiaire est à un excellent niveau.

Pour sa part, Alexander Fahey, élève de 11e année à l’école O’Donel High de Mount Pearl, en était à sa première expérience au sein du programme En français à Québec. Quatre semaines qui lui auront donné envie de participer à nouveau au programme au cours des prochaines années. Si possible en personne. Il estime malgré tout que «le programme virtuel était une bonne expérience pour améliorer mon niveau de français et pratiquer avec les gens autour du monde».

Côtoyer d’autres cultures

Non seulement tous ces jeunes Terre-Neuviens et Labradoriens bénéficient-ils d’une bourse du gouvernement provincial terre-neuvien, mais ils ont aussi la chance de côtoyer d’autres adolescents canadiens venus notamment dans le cadre du programme d’immersion Explore, mais aussi des jeunes d’autres pays, par exemple du Mexique.

Le directeur des Ateliers de langues et programmes internationaux ainsi que du programme En français à Québec, Luis René Ayala a en effet des contacts avec l’établissement universitaire Technólogico de Monterrey, qui développe également un programme type high school en français pour les plus jeunes. Selon le directeur, d’origine mexicaine et Québécois d’adoption depuis 13 ans, «l’échange culturel est une richesse pour les élèves; ça assure une ouverture d’esprit».

Et ce n’est pas Sanuda Jayasinghe qui contredira le directeur. Habitant lui aussi à Happy Valley-Goose Bay, il entrera à l’université dans deux ans et espère devenir médecin afin «d’aider les gens en français et en anglais». Il reste en contact sur Instagram avec ses nouvelles connaissances mexicaines qu’il a rencontrées durant sa participation au programme. «C’était très important de voir une autre culture, car cela m’a montré le mode de vie au Mexique et j’ai beaucoup appris sur leur pays et leur culture, ce qui est important selon moi.»

Semer la francophonie

Luis René Ayala est d’avis qu’un programme comme En français à Québec – une composante de Explore – doit avoir comme objectif «de semer quelque chose dans la tête des jeunes tout en les sortant
de leur zone de confort».

En ce sens, Steven Myles est un bon exemple d’une immersion réussie. Ancien participant à Québec et résidant à Churchill Falls, l’anglophone est maintenant animateur au sein du programme. «Je me sens très fier de ce parcours.» Il vient par ailleurs de terminer une majeure en français et une mineure en géographie. En septembre, il commencera un baccalauréat en éducation pour enseigner le français.

Celui qui, outre le français et l’anglais, parle le russe, l’allemand et l’espagnol estime que le fait d’être anglophone est un avantage auprès des jeunes. «Je suis capable de me mettre à leur place.» Quand il dit à quelqu’un qu’il est toujours possible de s’améliorer, son chemin parcouru en est une preuve vivante.

Si la classique photo devant le Château Frontenac n’a pas eu lieu cet été, il n’en reste pas moins que les participants semblent avoir eu la piqûre du français, même à travers les pixels de leur écran.

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