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Veillée franco-terre-neuvienne au SJIWFF

Les personnes attentives auront sûrement remarqué la présence intrigante de La Veillée, un court-métrage en français, dans la programmation du St. John’s International Women’s Film Festival (SJIWFF), qui se déroule en virtuel du 13 au 17 octobre. Mais qui se cache donc derrière ce film inspiré du folklore franco-terre-neuvien?

Coline Tisserand

Une photo en noir et blanc de trois personnes assises sur un divan. À droite et à gauche sont des femmes, au centre est un jeune garçon.
Kerrin Rafuse (à gauche de la photo) encompagnie du jeune acteur James Norman et de Amanda Foote, la superviseure du scénario. Photo: Vaida Nairn

Il était une fois une réalisatrice originaire d’Halifax qui avait décidé de soumettre un projet de court-métrage en français – une première pour elle – au prix des cinéastes émergents, le RBC Michelle Jackson Emerging Filmmaker Award, qui récompense des cinéastes émergents lors du SJIWFF. À sa grande surprise, Kerrin Rafuse remporte ce prix de 35 000 $ en 2019 pour réaliser son projet, un court-métrage autour d’un conte franco-terre-neuvien.

Mais à tout conte ses péripéties. «On pensait tourner La Veillée l’année dernière [mai2020], on avait une équipe complètement différente à ce moment-là, mais ensuite, la Covid a frappé», raconte la réalisatrice.

Les histoires de famille des autres

Mais avant d’aller plus loin dans les péripéties, pourquoi une réalisatrice anglophone originaire de Nouvelle-Écosse s’intéresserait-elle au folklore franco-terre-neuvien de la côte ouest de Terre-Neuve?

Réponse: son intérêt pour les histoires de famille, et pour ce projet-ci en particulier, celle de son partenaire. «Tous sont Franco-Terre-Neuviens du côté de sa mère», précise Kerrin Rafuse, aujourd’hui bien installée à St. John’s.

Et pas n’importe quelle famille! Il s’agit de la famille des Dubé et Benoits, des artistes franco-terre-neuviens bien connus comme musiciens, danseurs et conteurs dans la culture francophone la province.

«Vue d’une perspective anglophone, [cette] culture francophone est vraiment intéressante, en particulier dans la manière dont elle se mélange avec les autres cultures, notamment la culture mi’kmaq», explique celle qui a appris le français en classe d’immersion pendant 11 ans.

Recherches sur les contes franco-terre-neuviens

Dans La Veillée, on se réunit autour de La Grand-Mère, interprétée par la danseuse et comédienne Louise Moyes, pour une veillée typiquement franco-terre-neuvienne. Pendant qu’elle conte son histoire, son petit-fils (joué par James Norman) s’aventure tout seul dans la nuit et va alors faire la rencontre d’une fille étrange, la comédienne Fiona McNabb… Kerrin Rafusese montre mystérieuse sur la suite de l’intrigue et refuse de nous en dire plus.

L’histoire est inspirée des contes entendus par son partenaire quand il était enfant. Faute de conteurs encore vivants dans la famille, la réalisatrice s’est appuyée sur les archives du Centre d’études franco-terre-neuviennes (CEFT) du Département de folklore de l’Université Memorial (MUN) pour construire son intrigue, tout en respectant les traditions culturelles propres au conte franco-terre-neuvien. «Mais ma belle-tante Eileen Rafuse (née Dubé) a été d’une aide précieuse pour traduire le texte en français et me donner les conseils sur les aspects linguistiques et culturels de mon histoire», précise la réalisatrice. Louise Moyes l’a également appuyé pour enrichir le texte avec une saveur et des expressions franco-terre-neuviens.

Trois nuits de tournage

À gauche est un petit garçon qui est de dos a la caméra, au centre une femme avec un gilet violet qui lui parlent, a droite une petite fille. C’est la nuit et les trois sont illuminés de lumière bleue.
Un des défis de la réalisatrice (au centre) pendant le tournage? Réussir à garder les deux jeunes acteurs James Norman (à gauche) et Fiona McNabb (à droite) concentrés et éveillés pendant les scènes de nuit, parfois tournées très tard. Photo: Vaida Nairn

Pour le film, impossible de voyager sur la péninsule de Port-au-Port pendant la pandémie. Le tournage s’est donc fait en trois nuits à St. John’s et sur les plages de Torbay et Topsail en mai 2021. L’équipe a dû se débrouiller avec les moyens du bord pour trouver une maison dans laquelle tourner.

«On cherchait un intérieur qui ressemblerait à une maison que l’on peut voir à Port-au-Port, quelque chose dans le style Salt Box et terre-neuvien ancien. C’est beaucoup plus difficile à trouver à St. John’s. […] On a finalement loué une maison dans le quartier The Battery, qu’on a trouvé sur Airbnb!», raconte Kerrin Rafuse. L’équipe décore la maison en s’inspirant des photos de famille d’enfance du compagnon de Kerrin.

Malgré la pandémie qui a rendu ce tournage plus contraignant, Kerrin Rafuse estime que le retard dans le projet a permis de réunir la bonne équipe au bon moment. Elle se réjouit de sa première expérience de court-métrage en français et prévoit de présenter le court-métrage dans des festivals de genres après son passage au SJIWFF.

La Veillée, fait partie des trois films projetés en fermeture du festival. Il est possible de visionner tous les films entre le 13 octobre et le 17 octobre. Pour découvrir la programmation complète et acheter vos billets, rendez-vous sur https://www.womensfilmfestival.com/.


Une Québécoise au montage

Derrière le montage du court-métrage La Veillée se cache Lyly Fortin, une Québécoise arrivée en 1985 à Terre-Neuve, et qui n’en est jamais repartie. À son arrivée, ne parlant pas l’anglais, elle s’est pleinement investie dans les organismes francophones. Elle a d’ailleurs conçu le drapeau franco-terre-neuvien-et-labradorien que l’on connaît aujourd’hui!

«Pendant que j’apprenais l’anglais, je me suis assurée de rencontrer des gens dans le milieu des arts, alors dès qu’une opportunité s’est présentée, je suis retournée dans ce domaine.» Elle a depuis travaillé comme assistante au scripte et comme monteuse, notamment sur les séries The Republic of Doyle et Frontier. C’est là qu’elle a rencontré le mari de Kerrin Rafuse. «Lorsqu’elle m’a demandé de faire le montage de son film, j’ai tout de suite dit oui à cette possibilité de travailler en français, car c’est même très rare que ça m’arrive dans ce domaine», raconte la Québécoise.

«J’adore le montage parce qu’on peut écrire une histoire avec des images. Mes projets préférés ont toujours été les documentaires et les courts-métrages, parce qu’on a plus de liberté, on peut vraiment créer.» Monter un film pendant la pandémie a été une expérience particulière: elle a dû travailler chez elle et échanger à distance avec la réalisatrice. Ce projet en cinéma est l’un de ses derniers: elle a depuis décidé de s’investir pleinement dans son autre passion, les animaux! Elle travaille aujourd’hui dans un hôpital vétérinaire.

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